Le Public du Festival d’Asnières était Heureux

Mardi 21 novembre, 17h45 – Me sentant moins heureux que d’habitude, j’ai emprunté à pied le Pont d’Asnières, pour retrouver mon ami Cornel Cuciulei à la Médiathèque Alexandre Jardin d’Asnières. Les connaisseurs auront immédiatement reconnu le heureux du spectacle conté « Héros Malgré Lui ». Mais non !! C’est le héros de « Heureux Malgré Tout » bien sûr. (ah bah v’là-t’y pas que j’confonds Stephen Frears et Nathalie Leone). Mais je me perds là, reprenons le fil.
18h45 – Il m’a bien fallu quarante minutes pour arriver. Le hall de la médiathèque est plein. Les bibliothécaires ont du ajouter trois rangées de sièges pour accueillir les 70 spectateurs. Certes, elles avaient bien prévu la trentaine de lycéens d’André Malraux, mais elles ne s’attendaient pas à une telle affluence (toutes proportions gardées), un jour de semaine. Faut croire qu’on en veut à Asnières.
19h10
– Tout le monde est assis et fixe la scène où doit apparaître la conteuse que Valérie Gire a annoncée avec le savoir-faire d’un présentateur chevronné. Pas un ado ne bronche. Mais surprise, la voix de Nathalie se fait entendre par trois-quart arrière gauche. Comme souvent, elle est arrivée par l’entrée du public et a entamé le spectacle par un échange direct avec les spectateurs.
19h20
– Nathalie monte sur scène et la farandole d’images et de personnages commence. Le public et pas uniquement les quatre premier rangs d’adultes, pris en otage, plonge dans ce qui aurait pu être la Roumanie des années de plomb (ou l’était-ce ?).
20h00
– Je suis assis au huitième rang, au milieu des lycéens. Des 12-14 ans, en majorité d’origine africaine. Les glaciales dictatures communistes, ça ne fait pas vraiment partie de leur mémoire collective. Pourtant, jusque là ils ont complètement adhéré au récit. Je peux malgré tout sentir que, la fatigue et le système d’aération de la salle aidant, leur attention a faibli.
20h20
– Cornel est en mauvaise posture. Le « Fondamental » avait lancé tous ses rats à sa recherche. De fait, Cornel s’était presque sorti d’affaire, mais c’était sans compter sur la perfidie de son implacable ennemi.
20h25
– Retournement de situation, l’infâme et méchant Fondamental est destitué et Cornel porté en héros. Dans la médiathèque d’Asnières c’est la ola, le héros est acclamé. Toute une rangée de garçons se redresse. Affalés sur leurs chaises une minute auparavant, ils lèvent maintenant un poing fier et victorieux – Ah bon ?
20h30
– The End. Le héros a rejoint son amoureuse sous la couette et la conteuse salue son public. Les applaudissements durent. Je ne peux m’empêcher d’être ému, touché par ce public de pré-ados. Et moi qui croyait le Conte destiné aux jardins d’enfants, aux hospices et à quelques passionnés égarés dans  ce 21ème siècle.
21h00
– Je n’ai pas eu le courage de traverser la Seine dans l’autre sens. On dit qu’il y a des rats en bord de Seine. Asa e?